Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 09:27
   Souvenirs 
 

 Elle vivait seule dans sa maison vétuste empreinte du souvenir de son défunt mari. Son état de santé, depuis longtemps ne lui permettait plus de sortir de chez elle, mais cependant elle s’intéressait à la vie extérieure, à la ville, par les anecdotes que je lui racontais bien volontiers.

  Elle tenait à ce que son intérieur soit impeccable alors très lentement elle effectuait les gestes quotidiens du ménage ; et lorsque le froid s’installait alors elle se chauffait avec sa cuisinière : c’étaient des tâches supplémentaires que de rentrer un seau de charbon après être sortie vider les cendres de la veille. Ces matins au sol recouvert de gel ou de neige, je tremblais de la retrouver inerte au pied de ses deux marches d’escalier.

  Petit à petit ses jambes n’ont plus daigné répondre à sa volonté et sa nouvelle demeure est devenue son lit avec quelques passages intermittents dans un fauteuil. Cependant, elle ne perdait pas son optimisme, sa curiosité, sa soif d’apprendre encore. Elle me parlait de sa jeunesse, de sa vie.

  Elle lisait beaucoup et l’on commentait ensemble tel livre commun. Sa facilité à solutionner les grilles de mots croisés (de niveau le plus élevé) m’impressionnait. Elle voulait encore rendre service et participait à la réalisation de mes tricots pour bébés ; elle pensait aux anniversaires et me crochetait un napperon.

  Son existence était ponctuée par le passage des auxiliaires de vie ; et là encore elle faisait face, elle avait cette force accumulée avec les épreuves. Elle attendait et se réjouissait des appels téléphoniques quotidiens de ses enfants très éloignés. Elle appréciait toujours mes visites et celles de mon conjoint : elle m’entretenait des émissions de télévision nocturne qu’elle avait suivies, ne dormant que très peu. Je lui racontais aussi la vie extérieure, mon travail, mes loisirs, les spectacles, les concerts, les voyages.

  Pour me faire plaisir, elle s’est attaquée aux grilles de SUDOKU : quel fou rire nous avons eu ! Elle s’est aussi remise à la lecture, elle ne pouvait plus dévorer les livres mais elle les appréciait toujours et s’octroyait des petites séances de lecture.

  Elle s’était inventée des trucs et astuces pour avoir un minimum d’autonomie figée sur son lit ; je la faisais rire en lui disant que j’observais et retenais ses débrouilles afin de m’en servir au cas où.

  Un jour de juin, elle s’en est allée. Elle s’appelait Mathilde, c’était ma voisine.

 

Arlette


   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

Calendrier du VEXINTEL


 
 
    

Texte Libre