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24 juin 2012 7 24 /06 /juin /2012 07:58

Un non-personnage 

(Description de personnage) 

   

La question que nous pourrions nous poser, en prolégomènes de notre réflexion pourrait se traduire ainsi. Que dire d’autre de cette vie, que tout le monde semble si bien connaître qu’elle parait figée dans un ciel idéal que contempleront émues les générations futures, le coeur débordant d’extase comme l’eau déborde de la cuvette d’émail auparavant immaculée lorsque l’on tire la chasse d’eau de toilettes bouchées ? Pourquoi vouloir encore fouiller ? Pour ternir ? Pour souiller ? Pour rabaisser ? Ces considérations me sont étrangères mais il semble que, à force de ne considérer que le personnage public, on n’en vient qu’à contempler une forme désincarnée, fantomatique, disons le mot : édulcorée du personnage. Au delà des images d’Épinal, il convient de le replacer dans une vérité, une connaissance, une incarnation au sens biblique du terme (une incarnation biblique, pas une connaissance biblique). En effet, tel le Dieu chrétien qui, pour se rapprocher de ses fidèles a engendré Jésus, Il est nécessaire de revoir, à l’occasion de ces notes, la lueur diffusée par l’être humain qui reste trop souvent éclipsée par les néons criards qui semblent émaner de l’homme public. Nous n’écarterons pas les faiblesses du personnage, car il en eût. Il ne sert à rien de les nier ou les minorer sauf à vouloir faire d’un être humain de chair et d’os un personnage conceptuel au sens deleuzien du terme. Ces faiblesses donnent de la chair à l’histoire que tout le monde connaît et renforce le sentiment d’identification que nos contemporains, spécialement les plus jeunes qui sont à l’âge où l’on cherche des moules dans lesquels leurs jeunes forces pourront se lover pour sculpter leurs propres statues pourront trouver dans cette vie humaine. Nous ne chercherons donc pas à réaliser l’hagiographie d’u nietzschéen du terme mais, sans la nier toutefois car elle est importante, à croiser cette dimension avec d’autres regards, d’autres perspectives qui, se multipliant, se réfractant tel le radar des chauves-souris, peuvent donner à voir en creux la vie d’un être humain dans sa réalité ontologique. Appuyons nous sur le contexte dans lequel ce personnage prend racine. Nous pensons, sans tomber dans le marxisme (Dieu nous en préserve !), que tout être humain est marqué par le lieu où il est né et le siècle où il prend place. C’est un lieu commun que l’on pense toujours soit en accord avec, soit en réaction à son temps. Si les phénomènes sensibles ne se retrouvent plus, perdus dans le fleuve héraclitéen, on peut toujours s’en rapprocher. C’est pourquoi on refait les recettes de madeleines de ses grands-mères au lieu d’aller les acheter chez Picard (les madeleines, pas les grandsmères). Avec ce personnage, la connaissance du contexte prend toute son importance. Nous ne dirons rien de sa biographie, celle-ci étant bien connue. Merci de votre attention.

 

Lucas Hermse  


 
     
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N°03 – Avril  2012
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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 18:35

Conversation entre bouteilles 

(saynète) 

 

  Personnages :  

Clairette de Die (originaire de la Drôme)

la précieuse Margaux (originaire du Bordelais)

la bourgeoise Mady Ran (originaire des Pyrénées)

la fille de caractère bien trempé Gros plan (originaire du pays Nantais)

le bon vivant un peu "plouc" Pécharmant (originaire de la Dordogne)

le hardi un peu séducteur Beau Jolais (originaire du Rhône) le jeune premier 

 

Les "bouteilles" sont à la cave en rang sur deux étagères face à face. Arrive alors le Beau JOLAIS, le petit nouveau, rescapé de la salle à manger de la maison où s'étaient réunis quelques adeptes pour lui faire sa fête.  

 

Gros PLAN : Dis donc le nouveau, tu n'as pas descendu leur gosier en pente ?  

Beau JOLAIS : Non, apparemment j'étais de trop, Madame m'a réexpédié dans cette cave illico presto !

MARGAUX : Madame est d'une avarice ! C'est pour cela que je reste là, à vieillir doucement. Quant elle choisit l'un d'entre nous, elle m'évite !

Pé CHARMANT : Tu as l'air coincée ma pauvre Margaux, voire bouchonnée ! Tu aurais mieux fait de rester dans ton bordelais natal !

Mady RAN : Ne t'inquiète pas Margaux ! Je connais cela aussi le "laisser pour compte". Plus ça va et plus je me fais de tanin. Clairette m'a rapporté que Monsieur n'aimait pas les sombres, les fortes en bouche, les odorantes !

Clairette de DIE : J'ai observé cela le printemps dernier. J'ai été remontée de la réserve à pleines bulles par Madame avec une de tes payses. Monsieur m'a délaissée complètement, préférant, dans un premier temps, laisser rouler sur la langue la belle pyrénéenne. Il a craché aussitôt et la pauvre a dévalé vite fait le trou de l'évier !

Beau JOLAIS : J'ai de la chance alors ! Regardez comme je suis jeune encore, magnifique dans mon bel habit rouge !

Pé CHARMANT : C'est un fait, mais ne te réjouis pas trop hâtivement, regarde sur la dernière tablette de l'étagère, un de tes compatriotes, rescapé lui aussi : ça fait 10 ans qu'il est là ! Avec son goût de banane, il a fini par tourner vinaigre ! MARGAUX : Quelle horreur !

Gros PLAN : Je préfère encore finir ma vie en glissant sur une douce couvée d'huîtres !

Clairette de DIE : Ca finit par me saouler ces A.O.C, ces Actions d'Offrir du Consensuel dont Madame et Monsieur ont fait leur philosophie !

Pé CHARMANT : Qu'elle nous lâche la grappe !

Clairette de DIE : S'ils préfèrent le pétillant diois d'appellation contrôlée, qu'ils s'affirment auprès de leurs hôtes. Qu'ils abandonnent leur phrase-clé : "Champagne pour tout le monde !"

Beau JOLAIS : Arrête ! Après tout, le Champagne aussi, c'est juste du raisin qui a pourri

MARGAUX : Pourri certes, mais de noble lignée. Le botrytis cinerea est une pourriture noble, un champignon nécessaire à la fabrication du vin.

Clairette de DIE : En plus, avec la Clairette, ils pourraient briller en société, citer Tite-Live dans le texte et le nom des Gaulois qui ont inventé ce breuvage en Narbonnaise, il y a deux millénaires.

Pé CHARMANT : Voyons, respectez ceux qui prennent de la bouteille en se bonifiant et cessez de parler en vain

Mady RAN : Moi aussi, je vieillis doucement, mais je suis bien en chair et je m'étoffe. Malheureusement, ce n'est pas le goût de Monsieur qui me trouve trop corpulente ! Je n'aurai pas l'occasion de verser des larmes sur son verre !

Clairette de DIE : Flûte alors, Pas moyen de s'exprimer ! Je profite de cette respiration pour ouvrir le goulot et vous rappeler le nom des Gaulois à l'origine du vin que je représente : ça ne vous dit rien les Voconces ?

Gros PLAN : Justement, à ce propos, pourrais-tu remettre ton bouchon un moment et laisser les grandes personnes deviser en paix. On a besoin de vacances, nous autres !

MARGAUX : Un grand cru, ce jeu de mot : corsé mais pas généreux. On ne te demande pas d'être liquoreux, d'ailleurs tu n'as rien d'un Sauternes. Quoique, en deux mots : sot et terne…

Pé CHARMANT : Ah, c'est léger! FFFFF Abus de tanin fait vin malin, Vous en tenez une couche ! Revenons au dépôt, non, au début : le nouveau est victime d'un "goût de trop peu" !

Beau JOLAIS : Mais je suis frais et tendre, épicé et poivré avec une note de fruits rouges. Madame m'a mis de côté car elle veut me marier à une pintade, une andouillette ou une tarte. Ça me fiche une de ces trouilles !

Gros PLAN : Tu ne vas quand même pas te laisser faire !

Mady RAN : Oui, il a raison. Tout cela est du gâchis ! Sauvons-nous ! A trois, on s'entrechoque, on se casse et les patrons trinqueront !

MARGAUX : J'ai peur, mon rubis vire au noir !

Mady RAN : Fais-moi confiance Margaux, on dégoulinera tous ensemble au fond de la cave, puis vers la rivière. Il faut savoir mettre un peu d'eau dans notre vin que diable ! Nous allons voir du pays !

Beau JOLAIS : Un pour tous, tous pour un ! A moi l'honneur de compter. Vous êtes prêts ? Un, deux, trois…… Les bouteilles tremblent, se choquent, basculent dans un grand fracas….RIDEAU

 



 

Chantal Gaultier et Yolande Dheilly Avec la participation de ceux de l'atelier

 


 
     
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N°03 – Avril  2012
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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 08:23

Kâmä Sûtra du pêcheur 

(texte érotique)
 

  La pêche évoque pour certains la lutte difficile de Santiago dans « le vieil homme et la mer » ; plus souvent le plaisir solitaire du gamin taquinant le goujon, la tanche, le gardon, l’épinoche ou de l’adulte parfois bedonnant assis sur un pliant, surveillant une ou deux lignes dans un endroit calme et frais à proximité d’un cassecroûte, d’une bouteille de vin et souvent d’une personne du sexe opposé. Aujourd’hui, comme l’amour, la pêche est une passion, mais les différences sont importantes. Contrairement à l’amour qui ne nécessite aucun matériel particulier, pour pratiquer la pêche il faut disposer de plusieurs gaules flexibles parfois appelées « scion », pouvant atteindre plusieurs mètres et un amoncellement d’hameçons, de fils, de moulinets, d’étuis, d’appâts, de toutes sortes, aux noms imprononçables qui imposent de disposer d’une voiture avec un coffre conséquent. L’amorce se fait en général la veille au soir, pas seulement chez les personnes âgées. Ce sport se pratique uniquement au bord ou au milieu de l’eau et les positions varient peu. Celle avec qui on espère une touche est invariablement dans l’eau : elle se cache près du bord, se glisse entre les pierres d’un haut-fond ou se déplace parmi d’autres à la recherche de nourriture. En général, l’homme qui serre d’une main ferme le fouet, se tient debout sur la berge ou assis dans une barque ou sur un panier-siège. Il guette. Quand il entre en action, 7 il est d’autant plus proche de l’extase que sa proie gobe souvent ; il la leurre. Si celle-ci s’accroche, il la fatigue et la tire près de lui pour lui enfoncer dans la gorge son instrument qu’il nomme « ciseaux-dégorgeoir » et la relâche. Quels que soient son âge, son état de fatigue, il recommence immédiatement avec une autre proie et n’arrête qu’à la tombée de la nuit, toujours selon le même rite. Il est vrai que le premier « Kâmasûtra du pêcheur » a paru quinze siècles après les premiers conseils de Vatsyayana, ce philosophe brahmane qui décrivit quelques suggestions intéressantes que des générations d’amoureux curieux ont pratiquées au fond des alcôves, sur l’herbe tendre d’un pré, dans le foin, sur la plage ou plus récemment sur la banquette arrière d’une voiture. Peut-être quelque fou de pêche expérimentera au bord du lit de la rivière la position du bateau ivre ou le vol des mouettes, voire le lotus renversé pour rester dans des domaines qui ont à voir avec le milieu aquatique. …

 

Claude Aury

 


 
     
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N°03 – Avril  2012
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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 07:58
Rose et le clair obscur
(Conte fantastique)

  Rose quitte la ville de Beauvais au guidon de son cycle Peugeot, demi-course, double-plateau, de couleur rouge et flambant neuf. Ce vélo, elle le tient de sa mère qui vient de mourir : son héritage. Rose est âgée de vingt et un an, elle profite de ce samedi de mai pour pédaler gaiement vers la forêt de Savignies. Elle est encore dans l’agglomération beauvaisienne en direction d’un rond-point. Elle tourne à droite se retrouvant dans une allée complètement inconnue. Bizarre ! Elle découvre aussi un manoir et un parc. Encore plus fou, elle se retrouve nez à nez avec une famille de chevreuils et leurs faons. Elle s’assoit dans l’herbe, profite du beau temps, du ciel sans nuages, de l’odeur de l’herbe fraîche, de la vue des pâquerettes et des trèfles. Elle se lève, marche un peu et tend l’oreille. Elle entend, au loin le ronflement du moteur d’une voiture qui s’approche et le ciel devient noir. Ce sont les ténèbres. La peur s’ensuit. Les phares de la voiture se dirigent vers elle. Rose a le souffle court, elle sue, elle crie. Ouf, le moteur ralentit, la portière de la voiture s’ouvre. Elle rentre dans la berline sur l’invitation de Dany, le conducteur d’une trentaine d’années tout surpris de voir une demoiselle aussi tremblante. Rose claque des dents et sa respiration est sibilante. Elle provoque la compassion de Dany qui lui offre, lui dit-il, une entrée au parc d’attractions à quelques kilomètres de Beauvais. Stupéfaction pour Rose. Où estelle ? Après être passés au guichet, l’employée de la billetterie leur remet des jumelles infrarouges pour voir les animaux la nuit. Le jour est parti d’un seul coup et n’est pas revenu. Pourquoi ? Est-ce dû au défilé de voitures qui font la queue pour l’entrée ? Une vraie histoire de fou. Rose et Dany évoluent dans un safari photo, observant la faune locale. Le spectacle est beau : encore des faons, des chevrettes mais trop de voitures. D’un commun accord, ils garent la leur et font un bout de chemin à pied. Chacun pour soi et tout seul. Une heure plus tard, Dany monte un escalier et entre dans un cimetière, il se dirige vers une tombe, s’allonge dessus et parle avec le locataire perpétuel des lieux. A ce moment, Rose le rejoint et entend ce soliloque : - je suis heureux que tu m’aies transmis ta recette de gâteau battu. - oui, l’hiver, je porte toujours l’écharpe que tu m’as faite. - chaque fois que je me rapproche d’une femme parfumée à la lavande, je pense à toi. Avec qui Dany parle-t-il. Discute-t-il avec une revenante. L’évocation de fragrance me rappelle quelqu’un mais de qui s’agit-t-il? Sur ces entrefaites, Rose rejoint la tombe. Elle entend le bruissement des arbres et des insectes, elle sent l’odeur de l’humus, elle perçoit les ténèbres omniprésentes. Elle veut parler avec Dany. Mais elle n’y arrive pas. Elle s’endort à moitié consciente. Rose sent l’odeur d’alcool à 90 degrés, entend le bruit métallique d’un chariot. Elle perçoit une luminosité aveuglante et une voix masculine inconnue lui dire. - Mademoiselle, réveillezvous, vous êtes hors de danger, vous avez été opéré d’une fracture du tibia. Vous êtes saine et sauve. Rose respire dans ce lit blanc de la clinique. Elle pense à sa mère, le savoir faire qu’elle lui a transmis : bien tricoter et cuisiner le gâteau battu. …

 

Chantal Priolet

 


 
     
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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 06:17

 Les deux collègues

saynette

  A la cafétéria
- je suis content que vous ayez pu venir. Je vous avais remarqué le premier jour où vous êtes arrivé au
bureau. Vous vous plaisez ? Vous vous êteshabitué ?
- Oui, ça fait un mois que je bosse. Au début, j’étais un
peu paumé ; mais les collègues m’ont mis dans le coup. Le chef de service, Nicolas, est sympa.
- Sympa, il faut le dire vite. Méfiez-vous. Au début, tout va bien et ensuite, il fait virer les stagiaires. Vous êtes le troisième depuis le début de l’année.
- Ah bon ! Je ferai gaffe. Il a pourtant l’air gentil et content de mon travail.
- Il est vrai que se sont surtout les jeunes femmes qui doivent rester sur leurs gardes. Il est un peu dragueur…

- Il va se faire voir : je me pacse à la fin juin.
- Qu’est-ce que vous prenez ?
- Un Coca light. Je fais attention à mon poids
- Je vous félicite. La vie est plus agréable à deux. Moi
qui suis solitaire, j’envie votre bonheur futur.
- Le boulot, c’est quand même beaucoup de pression. Ça me bouffe tous mes loisirs !
- Si j’étais votre chef de service, je veillerai à ce qu’il en soit autrement. J’aurais plaisir à vous être agréable.
- Regardez, mes cheveux, j’ai même plus le temps d’aller chez le coiffeur !
- En effet, quel dommage ! une si belle chevelure…
- Et mes mains ! Un mois sans manucure !
- Pourtant, comme on aimerait soigner de si jolies
menottes. Nicolas est gentil mais bien incapable de
prendre en compte de telles demandes !

- Et puis côté boulot, il est difficile à contenter ;
- Je connais sa devise : « travailler plus pour
gagner moins » Accepteriez-vous de changer de services ?
- ….
- J’aimerais tant besogner au-dessus de vous…

 

Claude Aury / Lucas Hermse

 


 
     
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N°03 – Avril  2012
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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 05:49
 Boin temps por un interremeint

  Is sont vnus, is sont mie tertous per ichi ! Ale a bin fini per ête au rados el man-man, vu s' n'âge ! Il n'y o pu granmint ed mon.ne achteure à z'interremeints ! Chès viux, tertous partis itou. J'n'sais mie à d'où pache que j'n'y voès rin : ni ch'boin Diu, ni ch'Diawl, ni ch' Paradis ! Chés éfants in breimeints aveuc leus lédgimpettes tien-nent't leus galoubis à leus piys, in silinche. Coère bin héreux qui leu n'vienche point l'idèye d'écmainder por mi un.ne "boète à définctés" per ch' l'arnitoèle, conme ch'est l'mode achteure, aveuc plaque pis couron.ne. J' r' san.ne à un.ne metchène aveuc min rouche robillon à frous-frous. Mes frongnes a s'sont involèes ! Ej sus à sin goût ach grand feutcheu ! Ch'est chés courts jors. Ech vint, d'un.ne incroèyabe doucheur dreche chés gveux ed chés vivants invers ch'firmamint. Is cantent't un.ne canchon d'Aznavour in r'natchant un mollet dins leu blanc moutchoèr. El tchiote Jean.ne, ale san.ne fin bénèse avec sin neu mintieu pis ses noèrtes coeuchures milantes. Ale est bin fière- tchul ed laincher padsus min lusé un.ne poégnie ed tére pis el preume margrite dech courtil. Chés miaules ales dinchent't padsus chés tiètes, pis mi, ej m'invole aveuc por un.ne virvourande ed luron.nache.


Yolande Dheilly

 


 
     
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N°02 – Janvier 2012
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19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 05:41
 Beau temps pour un enterrement

  Ils sont venus, ils ne sont pas tous là ! Elle est morte la mama ! Le monde se raréfie aux enterrements !

Les vieux : tous partis je ne sais où d'ailleurs car je n'y vois rien, ni Dieu, ni Diable, ni Paradis ! Les enfants éplorés, en habit de circonstance, maintiennent leur progéniture à distance, en silence. Encore heureux qu'ils n'aient pas eu l'idée de me commander une "boîte à macchabée" par internet comme c'est la mode aujourd'hui avec plaque et couronne ! J'ai l'air d'une jeune fille dans ma robe rouge à dentelles. Les rides se sont effacées. La mort me va si bien ! C'est le printemps. Un vent caressant soulève les cheveux des vivants au firmament ! Ils chantent un air d'Aznavour en reniflant de temps à autre dans un mouchoir blanc. La petite Jeanne semble ravie avec son manteau neuf et ses chaussures vernies. Elle a l'honneur de jeter sur mon cercueil la poignée de terre symbolique et la première marguerite du jardin. Les mouettes rieuses dansent au dessus des têtes et je m'envole avec elles pour un mystérieux voyage.


Yolande Dheilly

 


 
     
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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 05:57
 Manif : (texte humoristique)

  Les kinés s’étaient massés devant les grilles de la Préfecture. Ils étaient en bande et un secrétaire de la Préfecture essayait de leur passer de la pommade pour panser leurs plaies. Il leur déclara qu’il fallait vivre avec son temps, qu’il fallait penser le changement. Un syndicaliste lui rétorqua qu’il voulait se contenter de changer le pansement.
« Le gouvernement prend soin de vous, je pense que vous le sentez. M. Bertrand est à l’écoute. Il connaît vos problèmes, il y trouvera un remède. »
Un syndicaliste qui portait une casquette bleue siglée CFDT s’avança et déclara :
« Notre corps est malade, vos solutions boiteuses sont un emplâtre sur une jambe de bois. Votre gouvernement ne fait rien, il laisse pourrir la situation, gangrénée par les labos
pharmaceutiques et les groupes de pression. C’est pourquoi la tension est à son comble. En arrière on commença à entendre « Bertrand t’es foutu, les kinés sont dans la rue. Démission, démission. »
Le secrétaire dit qu’il allait chercher un médiateur qui réglerait le problème et fendit la foule des CRS, bottés et casqués. Ils protégeaient la Préfecture car des masseurs bien excités secouaient les grilles. Un homme de grande taille, fendit la foule, demanda le silence et l’ayant obtenu fut lui-même surpris. Il demanda :
- C’est ici le rassemblement de l’UMP ?
L’homme fut conspué, il comprit sa méprise et regagna sa Mercedes que les Kinés commencèrent à agiter avant usage. De l’autre côté de la grille, les CRS étaient hilares.
Un grand type, brandissant un drapeau rouge, de la couleur du visage de l’amateur de berlines allemandes, montra son brassard muni de l’inscription « Sécurité » fendit la
foule et l’aida à partir. Délicat, le sympathisant UMP, arrêta son véhicule, baissa sa vitre électrique et montra qu’il appréciait son geste en disant : « Merci mon brave ».Il esquissa un mouvement pour sortir son porte-monnaie. Ceci mit le militant CGT en colère.
- Vous croyez que tout s’achète, vous ?
- Pourquoi pas, vous réclamez bien de l’argent.
Ecoeuré, le drapeau rouge en berne, le syndicaliste tourna les talons. C’est à ce moment qu’une averse violente commença à disperser les manifestants. Stoïques sous la pluie qui ruisselait des casques, les CRS attendaient les ordres de leur capitaine qui à la machine à café faisait le joli cœur avec les secrétaires en se félicitant de la dispersion de la manifestation. Dépités les kinés décidèrent de débuter une diatribe destinée au député.


Philippe Geiger

 


 
     
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N°02 – Janvier 2012
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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 06:53
  En quête à Voisinlieu
Épisode 4

Une jeune femme qu’il ne connaît pas apparaît dans l’embrasure de la porte.
- Je vous prie de m’excuser, je me suis trompé de porte. je ne suis pas venu dans le quartier depuis plusieurs années, et puis… l’obscurité…
- Ce n’est rien, est-ce que je peux vous aider, j’habite ici depuis près de quinze ans.
Il allait poursuivre son chemin mais s’arrête. Non ! Il ne se trompe pas. La personne qui lui parle, a la même silhouette que Rosa quand il vivait avec elle.
- Vous dîtes quinze ans ?
- Disons treize, oui, dans cette maison,
- Vous êtes Sophie, alors ?
- Peut-être, mais vous, qui êtes vous ?

- Un ami de Rosa. Je voulais la revoir. Est-ce possible ?
- Si vous ne me dites pas qui vous êtes, certainement pas !
- Ne criez pas, quelqu’un arrive, ouvrez-moi s’il vous plaît !
- Je suis Michel, ajouta-t-il à mi-voix.
Sophie s’avance rapidement, ouvre la barrière qu’elle referme aussitôt, échange quelques mots avec Abel qui, comme chaque
soir, va à « La Chope » acheter les cigarettes du lendemain et un « bingo ». Michel leur tourne le dos dans la pénombre et attend. La jeune femme le précède dans la maison.La dernière fois qu’il était venu à Beauvais pour les obsèques de son père, Rosa l’avait rejoint à l’issue de la cérémonie.

« As-tu le temps de venir chez moi, j’ai une surprise à te faire » Il avait accepté et avait alors découvert qu’elle avait quitté le logement de la rue du Morvan pour revenir dans le quartier où ils avaient vécu enfants. Rosa louait la maison qu’il avait habitée avec ses parents quand ceux-ci avaient dû quitter Aubervillers et l’entreprise familiale pour devenir l’un
contremaître et l’autre comptable chez Dupont. Il n’avait pas vu Sophie ce jour-là, elle était au collège…Il l’avait croisée avec sa mère quelques années auparavant quand il était venu à la fête à carottes. La fillette avait à peine une dizaine d’années. Il fait un rapide calcul : la jeune femme a aujourd’hui vingt sept ans. « Aussi jolie que sa mère », pense-til. Même chevelure brune qui encadre un visage aux traits fins, même regard plein de douceur, même yeux bleus, même fossettes qui élargissent le sourire, même lèvres fines.
Elle porte une robe noire dont le décolleté laisse entrevoir deux jolis seins. Il sourit en se demandant si, elle aussi, a une tache de rousseur sur la cuisse gauche.
- Maman rentrera du travail vers vingt et une heures. Vous pouvez l’attendre. Asseyez-vous. Voulez vous boire quelque chose? Elle m’a parlé de vous avant-hier. Elle se demandait si vous étiez…
- Sorti de taule, oui, libéré la semaine dernière avec un petit
pécule pour avoir emballé des tubes de dentifrice pendant des heures pour un salaire de misère.
- …
- Pas une journée de réduction de peine…avec la préventive, cinq ans, tout juste…
- …
- Aujourd’hui, je veux comprendre… mais je ne vais pas vous embêter avec ça.
Même si le décor a été bouleversé, Michel se sent bien dans la petite cuisine de son enfance. Il revoit la cuisinière face à la porte d’entrée, l’évier à gauche de celle-ci, face à la fenêtre le buffet en formica bleu ; au milieu la table, deux chaises et deux tabourets. Depuis plusieurs minutes, Sophie et Michel
ne parlent plus. Chacun craint sans doute de déranger l’autre. Que sous-entend-il par « je veux comprendre » ? Lui cherche maintenant comment partir :
- Merci, je dors au café des promeneurs, j’y ai dîné. Il me faut
rentrer avant la fermeture à vingt et une heures. Pensez-vous que jepuisse voir votre mère demain ?
- Je suis sûre que cela lui fera plaisir.
Je vous conseille de venir avant neuf heures. C’est mercredi.
Souvent, elle va au marché et en profite pour faire quelques courses.
Je la préviendrai.
Michel regagne discrètement sa chambre. Il s’allonge sur le lit mais ne trouve pas le sommeil. Pourquoi Rosa avait-elle refusé, en 1983, de le suivre à Drancy où D.B.A le mutait? Sa mère reprochait souvent à son père leur installation à Beauvais. Il n’avait pas dix sept ans quand elle est décédée. Asthme, Emphysème, état dépressif, avaient dit les médecins... « Tout ça, ça l’a tué », avait lâché le père, énigmatique. Dès sa retraite, celui-ci l’avait rejoint à Bobigny.
Michel finit par s’endormir. Dès huit heures, il prend son petit déjeuner dans la salle quasi déserte. Il doit laisser passer une twingo avant de s’engouffrer dans le sentier de la place :
Sophie lui fait un petit signe de la main. A peine a-t-il sonné que Rosa apparaît à la porte, lui fait signe d’entrer et lui demande de tirer le verrou du portail. Elle a refermé la porte et se tient, face à lui, dans l’étroite entrée envahie par l’odeur de
café. Elle la redécouvre très belle dans son peignoir marron clair. Il se penche vers elle. Ils échangent un long baiser.
En passant devant la cuisine derrière Rosa, Michel aperçoit deux tasses et le sucrier sur la table…
Où Rosa le conduit-elle ? vous le saurez en découvrant dans « La Voix d’un Lieu » N°3 le prochain épisode de...(tra la la la tra lala ...)
Claude Aury

 

 
     
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N°02 – Janvier 2012
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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 06:46

La lettre d’amour que vous auriez
aimé recevoir

  Mon très cher ami,
Après bien des hésitations, au risque
de vous importuner, je ne puis résister
plus longtemps au besoin de vous ouvrir
mon coeur.
Lors de nos rencontres
hebdomadaires au Cercle, depuis
plusieurs semaines, je m’efforce de ne
pas me trouver à votre table. Votre
regard me trouble. Je suis fasciné par
votre tranquille assurance. Je suis
maintenant incapable de suivre le jeu en
votre présence.
Je vous serais très reconnaissante de
porter ce prochain mardi le joli costume
blanc qui vous sied à merveille, qui met
divinement en valeur votre élégante
silhouette. Je serais très honorée que
vous m’offriez une coupe.
Je ne doute pas que votre apparente
rigidité s’accompagne d’une générosité
sans limite. Cela me fait rêver.
Si je vous dérange vous pourrez livrer
ce billet au Colonel. Je ne survivrais pas
à votre indifférence.
J’ose vous adresser mes plus affectueux
baisers.
Votre dévouée Hortense
Claude Aury
 

 
     
      La voix d’un lieu 
Revue de l’atelier d’écriture de « Voisinlieu pour tous »
http://www.voisinlieupourtous.net
N°01 - Décembre 2011
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