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  Encore un journal ! Après « Le Liseron » de l’association « Lirécrire » de Beauvais, « La Voix d’un Lieu » de l’atelier d’écriture de l’association « Voisinlieu pour tous » voici « Plumes d’Oise » de l’atelier virtuel « Le Clavier Libre »

 

  Atelier virtuel ? Pour permettre aux personnes ayant envie et le goût d’écrire, mais ne pouvant ou ne voulant pas intégrer un atelier en salle pour des raisons d’horaires, d’éloignement, ou simplement parce qu’ils craignent le jugement des autres membres, j’ai ouvert cet atelier via internet (courriel)

 

  Les participants peuvent ainsi (s’ils le souhaitent)  rester anonymes. Les textes ne sont diffusés que sous leur pseudo, leur prénom ou leurs initiales. Je suis donc (il le faut bien) le seul à connaître leur adresse courriel et communique sous coordonnées cachées.


  Chaque quinzaine, je propose un thème. Nous en sommes au cinquième. Voici d’ailleurs dans ce nouveau recueil un exemple du travail déjà accompli par les auteurs. Je dis bien auteurs. Certains ont déjà été publiés, d’autres ont déjà participé à des ateliers d’écriture, et puis il y a les novices qui ont d’ailleurs beaucoup progressé au fil des thèmes. Une émulation se manifesterait-elle au sein du groupe ? Je le pense ! C’est un des moteurs.

   Toutes les personnes qui recevront ce N°1 de « Plumes d’Oise » sont invitées, bien sûr, à le diffuser largement et à nous rejoindre ou à communiquer mes coordonnées à leurs proches ou amis qui voudraient intégrer l’atelier « Le Clavier Libre »

 Bonne lecture.

 

                       M.M.

 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°01 – Avril  2012

Rosemonde 
J’étais amoureux de Rosemonde. Oui, et bien ? J’avais quatorze ans à peine, elle en avait bien seize et elle possédait tout ce que mes copines n’avaient pas. Elle avait des formes bien rondes dans son étroite jupe. Elle sentait la femme. Je me languissais d’elle.
Sur sa barque je franchissais la Somme un matin. Nous transportions mon vélo car j’avais l’intention de me rendre à Fontaine, comme ça, pour le seul plaisir de pédaler le long des étangs.
- Tu ne vas pas t’en aller tout de suite ?
Je suis resté près d’elle. Tous deux assis dans l’herbe drue de la berge nous discutâmes longtemps. Les arbres du bord de l’eau se dépouillaient de leur parure. Joliment teintées du soleil de septembre, les feuilles des saules se posaient mollement sur l’eau. Le fil de la rivière les portait plus loin. Prémices de l’automne, leur image s’est gravée en moi comme autant de petites langues, petits cœurs qui échappaient à la branche de l’arbre après avoir dérobé un éclat de soleil.
Rosemonde ignorait que j’étais amoureux d’elle. Je n’avais pas à lui dire. C’était mon secret. En rêve j’avais bien le droit de l’aimer, non ?
Je la regardais longuement. Elle se prêtait à mes yeux effrontés, je crois qu’elle aimait cela. Jamais je ne fus si proche d’elle. Ma peau sentait la sienne. Nulle fois mes regards ne s’égarèrent autant sur elle que ce jour là. Elle n’était pas belle… belle… Elle avait les traits d’une jeune paysanne. Sa peau était dévorée de petites taches de son que le soleil lui avait piquetées partout, sur le nez, les joues, le front. Elle se serait roulée tout un printemps dans l’herbe de mai afin de les effacer que cela n’y aurait pas suffit. Mais j’étais cependant amoureux de tout ce qu’elle avait et de tout ce qu’elle avait d’autre et que je devinais. Son doigt écartait de ses yeux une mèche de longs cheveux blonds, un blond très pâle mêlé de fauve, ce quelque chose qui ressemblait à la flamme du bois qui flambe en plein air.

Gilles Toulet

Jeune résistante Rosemonde passait des transfuges sur sa barque. Elle n’a pas été prise par les Allemands, mais un matin d’hiver elle s’est noyée dans la Somme. Elle avait 17 ans.
 Des points dans la tête
 Affalée sur le sofa, j’ai la flemme, la vraie. Juste le temps de me verser un thé Chaï, de déposer quelques biscuits à la cannelle sur ma table basse et de sombrer dans les plis. Phagocytée, engloutie, comme je le suppose on peut l’être par des sables mouvants. Le thé fume auprès de mon épaule échouée sur le bord des coussins. La tête moulée dans le moelleux duvet d’oie, mes pensées sont des particules d’infini qui peinent à s’ordonner. Un besoin de néant pour équilibrer l’entropie des neurones qui reçoivent toujours plus d’informations. Ne rien faire… C’est bon, c’est salutaire, çà l’est pour moi en tout cas. Farniente dit-on en Italie.

  Les plans de mes pensées résiduelles se télescopent. Les seules qui m’attirent émergent de mes photos, celles que j’aime faire, regarder, car chacun y trouve ce qu’il souhaite y découvrir. Librement. Icebergs dérivants, elles fondent dans un méli-mélo de cellules grises et quelques flashs éclaboussés de couleurs surnagent. Portés par les volutes langoureuses du thé.

  Des formes imprécises apparaissent puis elles se regroupent par capillarité comme le fait l’huile sur l’eau. Ce sont maintenant des masses de couleurs chatoyantes qui se déploient clairement devant moi. Elles s’étalent sur des kilomètres, palette pointilliste sans cesse renouvelée, étonnante par sa diversité de teintes. Mentalement, dans mon demi-sommeil, je fais la mise au point.

  Il s’agit d’une photo prise il y a plusieurs mois déjà. J’étais invitée à bord d’un hélicoptère avec des journalistes, dont mon ami Ian faisait partie. Lorsqu’il m’a proposé une toute petite place pour faire des clichés, je n’ai pas hésité. Je me serai glissée dans sa sacoche s’il le fallait !

  Nous survolions les Côtes d’Armor pour un sujet du 19/20 sur France 3. C’était en juin 2010. Les images se sont présentées d’elles-mêmes. Les couleurs et les formes inhabituelles aimantent mon regard en toutes circonstances. J’ai tout d’abord pris mon téléobjectif, un vaste ensemble de taches colorées m’avait séduite. Elles se composaient autour de motifs réguliers à la manière des biscuits rangés dans une boîte, braves petits soldats alignés ; ou comme les masses colorées d’une palette. Et cela, sur une surface gigantesque, à en juger par l’ampleur de la couverture multicolore. Un patchwork pour géant étalé sur les prairies vertes Bretonnes, bordées par une mer moutonneuse.

-      Dis-moi, Ian, tu connais cet endroit, là-bas, avec ces couleurs, lui hurlais-je aux oreilles en soulevant son casque. Pas moyen de faire autrement, tant le bruit était assourdissant sous les pales, les portes latérales étaient largement ouvertes.

-      Non, je ne suis pas de la région, connais pas… répondit-il.

-      Ok, merci ! Tant pis…. Je le dérangeais, tout absorbé qu’il était par son reportage, normal après tout !

  L’appareil se rapprochait, ce qui m’avait semblé si beau, de loin, n’était en fait qu’une gigantesque casse-auto. Elle s’étendait sur un bon kilomètre et s’élevait sur plusieurs strates de véhicules compressés. Edifice défiant les lois de la gravité où l’ordre aléatoire de la composition offrait cependant une illusion de beauté. Une fresque improvisée sous le regard des mouettes qui n’y entendaient rien !

  Les voitures s’empilaient, s’emboitaient en une anarchie chromatique qui semblait si étonnante de loin. J’avais déjà fixé des tableaux colorés dans le désert. Des dizaines de tapis exposés à toutes les intempéries, aux roues des camions. Une plus-value visuellement intéressante. Ce Lego métallique, lui, édifié par une main gigantesque ; offrait plutôt le spectacle de l’abandon. Un grand César, désolant d’incongruité, décerné à la négligence humaine occupant à lui seul une zone de nature sauvage.

Une œuvre inachevée, comme un geste sans élégance interrompu avant la fin d’un cycle. J’ai quand même fait des clichés, parce qu’il y avait, malgré tout, une certaine beauté à mettre en valeur. Mais un arrière-goût amer m’a soudain envahie, j’avais mal à l’intérieur…

  Et puis, soudain, les taches, les lignes, les couleurs, tout s’est mis à fondre, à dégouliner comme une glace sur son cornet de gaufrette en plein soleil… J’avais chaud… Je transpirais… Ma peau a commencé à me brûler… Entre mes paupières mi-closes, un immense tableau aveuglant, celui du soleil impitoyable de juillet, m’avait sortie de ma torpeur. Je m’étais assoupie assez de temps pour que, dans sa course, il inonde mes fenêtres. Mon thé était froid maintenant et devant mes yeux alourdis par les songes, juste sur le mur en face de moi, j’observais le cadre d’une belle photo multicolore prise un jour, en Bretagne.

 

 

Ghislène 

  La dormeuse
    Souvent, nous partions en vacances sur la cote normande, qui n’est pas loin de Paris, pas trop couru non plus, donc pas trop chère et au climat vivifiant ; donc parfait pour nos poumons de petits citadins. Je ne vais pas vous dire ou, car vous allez vous précipiter, mais c’est tellement loin tout ça que vous ne trouverez aucune trace de notre passage et des faits que je vais relater.

 

  Donc, une maison basse en bord de plage, dans des dunes où le vent fait onduler les maigres buissons et soulève un peu le sable blond. La famille, plus cousins et amis passent des jours calmes et ensoleillés, promenades, pêche, baignades (peu, fait froid), lectures et réflexions profondes. Ce jour, tout le monde est parti pour une balade en vélo, sur le chemin des douaniers, faire le tour de la presqu’ile. Enfin, c’est ce que je croyais…

  Les autres pédalaient en ahanant sur le petit sentier et je me suis dit qu’une sieste serait la bienvenue, aussi je me dirigeais calmement vers ma chambre, quand je vis une porte entrebâillée. Tiens, il y a quelqu’un ! Curieux, je jetai un œil et vis, dans la pénombre, une forme sur le lit.

  Au parfum, je reconnus Zoe, un cousine éloignée que l’on recevait parfois : 18 ans, grande, pas très belle, mais une féminité qui nous mettait tous en émoi. Sensuelle, attirante, une grâce de jeune fille, qui  promettait de belles émotions. Je m’approchai doucement… Elle dormait, une nuisette la couvrait à peine, jusqu’au ventre et le fin drap de lin repoussé au bout du lit laissait voir tout le reste.

   Tétanisé, je ne pouvais quitter des yeux le fin duvet soyeux qui recouvrait son bas ventre, la courbe du mont de Vénus. Ses cuisses écartées laissaient deviner une caverne mystérieuse et  malgré moi, une forte émotion commençait à me crisper. Sa poitrine, très belle, se soulevait au rythme de sa respiration, et je voyais les tétons érigés dans les plis du chemisier. Elle reposait, calme, presque abandonnée, les bras écartés, offerte. Soudain, elle remua… se tourna sur un coté, un bras remonta le long de son flanc et sa main se posa sur sa poitrine, qu’elle étreignit avec un soupir. Le mouvement devint plus précis, ses reins se creusèrent et une houle se leva, avec une crispation du visage qui m’était inconnu, sa respiration devint plus rapide, presque haletante. Son autre main se glissa entre ses jambes et je vis les doigts remuer en forme de caresses. Les soupirs aidant, je n’y tins plus, aussi, je crois que personne ne serait sorti aussi vite que moi, les genoux serrés et les mains étreignant une virilité galopante, boitillant dans le couloir. Quelle fuite !!!

  Plus tard, je me suis dit : Quel imbécile ! Si ça ce trouve !!!! Mais on ne le saura jamais…


G.W

  BILLE DE CLOWN
 

Il était une fois un enfant qui avait une bille de clown.

Tout naturellement, ses parents l’appelèrent « Bille de Clown ».

Ils vivaient tous les trois dans un village d’une contrée lointaine,

Village perdu où aucun chemin ne mène.

L’enfance de Bille, c’est comme cela qu’on l’appelait,

Fut particulière, comme qui dirait.

A chaque fois que quelqu’un le rencontrait

Avec un grand éclat de rire, le saluait.

Et Bille de Clown grandit très entouré

D’adultes plus que d’enfants déconcertés

Par leurs parents riant à l’unisson

A la vue d’un simple petit garçon.

Car les enfants, bien sûr, nous le savons

N’ont pas besoin de rire sans raison.

L’adolescence de Bille fut plus noire

Car son visage lui apporta des déboires.

Ses camarades pensaient qu’il se moquait

A chaque fois qu’il les regardait.

Et régulièrement des coups furent donnés

A cet ado qui voulait être aimé.

Mais oublions cette période triste

Car il a fallu aussi que Bille résiste

A la tentation de mal tourner.

Il a donc préféré s’éloigner…

Raconter les lointaines aventures

De cet homme à drôle de figure

Nous prendrait beaucoup de temps

Mais sachez que ce fut passionnant.

Et si maintenant je vous contais

Son retour un beau jour de mai…

Plus personne n’eut envie de rire

Quand avec une belle dame ils le virent

Tous se demandèrent : « Enfin,

Comment est il arrivé à ses fins ?

Après ses voyages dans d’autres contrées

Que d’argent a-t-il dû amasser ! »

De cette aventurière, tous pensaient

Qu’à sa bourse seule elle s’intéressait…

Sa mère n’y tenant plus

Demanda à l’heureuse élue :

«  Comment un visage façonné ainsi

A vous séduire, avait réussi ?

- Oh ! Je n’ose tout vous dire, Madame…

Mais quand un homme déclare sa flamme

A un visage particulier, il ne faut pas s’arrêter.

De la tête jusques aux pieds, des yeux plutôt le dévorer !

Car tout homme à deux faces :

L’une au sommet, l’autre plus basse !

De la première vous vous gaussez ;

De l’autre, du plaisir, j’en ai tiré. »

 

Eveline


  Plume
  Petit Jean sort de l’école, il rayonne de joie : il va rentrer à la maison retrouver sa maman, ses jouets et surtout Plume, son amie à quatre pattes. Mais Plume n’est pas au rendez-vous : Petit Jean l’appelle, la cherche dans la maison mais en vain. Alors de grosses larmes de désespoir coulent sur ses joues. Sa Maman, très sensible au chagrin de son enfant, décide de mettre tout en œuvre pour retrouver Plume : ce sont d’abord des affichettes posées ça et là, mais en vain.

  Alors, elle se rend dans la forêt si proche de la maison que Plume a pu s’y égarer, voire s’y blesser. Quelques traces sont visibles sur le chemin de terre rendu boueux depuis la fonte de la neige. Ces traces se perdent ensuite vers le matelas de feuilles mortes. La Maman appelle Plume, écarte les feuilles, scrute les arbres dont les branches dénudées frissonnent d’ennui, mais aucun ne lui apporte de réponse. Sous les racines d’un arbre abattu s’est formée une nappe d’eau de pluie ; inquiète, la Maman la sonde et pousse un soupir de soulagement : Plume ne s’est pas noyée.

  Plume reste introuvable et le chagrin de Petit Jean est toujours aussi présent. L’hiver s’installe, Noël approche ; alors Petit Jean fait sa lettre au Père Noël :

« Petit Papa Noël, je ne veux pas de jouets, je veux que tu me retrouves Plume ».

  La Maman, comme vous pouvez vous en douter, est bien contrariée et achète malgré tout un cadeau à son fils afin d’atténuer son chagrin.

  Venu le jour de Noël, Petit Jean se lève, court au pied du sapin, mais qu’entend-t-il ?
« miaou, miaou », alors il se précipite pour ouvrir la porte et là, Plume entre, amaigrie, boitant mais toujours ronronnant dans les bras de Petit Jean.

  Comme quoi le Père Noël existe bien, il suffit d’y croire.

Arlette

  JO
  Sur son vélo, ce matin de printemps, il part au village chercher son paquet de tabac gris tout joyeux d’avoir cette fois trouvé la cachette du porte-monnaie familial.  Sa forte consommation de bière obligeait la grand-mère à de telles ruses. Le béret bien enfoncé sur la tête, le bourgeron noir, la chemise écossaise et la ceinture de flanelle composaient sa tenue habituelle.

  S’il ne fait pas de rencontre, il sera de retour pour le repas du soir. Là, il s’installera dans un coin de la cuisine et vérifiera l’alignement de sa réserve de bières. La grand-mère servira la soupe qu’il aime bien épaisse et noircie de poivre. Son palais était ruiné par l’abus d’alcool. Un peu de vin pour faire « chabrot et direction la chambre pour sombrer dans un lourd sommeil.

  Dans une autre vie, il avait été un paysagiste talentueux, avait des notions d’anglais, buvait le café passé dans une chaussette et avalait les kilomètres sur sa mobylette par tous les temps. Puis un jour l’accident, la trépanation. Il avait eu son heure de gloire en étant choisi comme figurant dans un film sur George Sand et moins glorieusement en démontant, la nuit, les bordures de trottoir posées, le jour, par la municipalité. Habitant la dernière maison du village, les « Ponts et Chaussées » s’était arrêté juste avant sa maison : inacceptable pour lui !

  Il ne sentait pas toujours la rose, ne se lavait que pour la fête du village, mais je l’aimais : c’était mon grand-père.

Francine

 

  Ce matin là
    Ce matin là, en posant mon pied sur ce sentier, à l'orée du bois, je n'imaginais pas à quel point le spectacle allait être merveilleux. La chaleur est déjà présente en ce milieu de matinée, et le ru qui roucoule donne une légère fraîcheur. Le soleil se faufile entre les feuilles et fait chatoyer les verts.

  Je m'avance sur ce sentier caillouteux, bordé d'arbres, de buissons ; une légère montée, et toujours ce ru qui roucoule sur ma gauche. Quelques chants d'oiseaux m'accompagnent mais j'ai beau chercher, je ne distingue pas leurs auteurs, car la végétation est dense; je surveille aussi mes pas, la pente augmente...

 

  Le ru qui roucoulait tout à l'heure s'est élargi pendant ma promenade, son chant s'est accentué et transformé en grondement. Je découvre autour de moi des amoncellements de rochers gris et roux, des lichens, des fougères accrochées ça et là. Et me voici sur une passerelle, sous mes pieds, le torrent roule son écume blanche sur les cailloux, et arrose la végétation aux alentours, de milliers de gouttelettes.

  L'ascension commence ! La passerelle suivante est accrochée à flanc de rochers; il me faut me baisser pour avancer. Des cascades se succèdent, jaillissent en jetant leur écume comme un dragon son feu. Le grondement du torrent s'accentue, et en baissant les yeux, je découvre des gouffres inquiétants mais pourtant si clairs, remplis d'eau transparente telle un miroir. Cette eau, où va-t-elle? Elle a tracé sa route depuis tant d'années, creusé dans le schiste son lit; parfois des troncs d’arbres viennent lui faire barrage ; elle n'en a cure, elle joue à saute-tronc, elle avance, et moi, je monte, je monte...

  Je vous l'avais dit: le spectacle est merveilleux ! Le parcours est pourtant angoissant; je suis à vingt cinq mètres au- dessus du vide sur quelques planches...

Au terme de mon ascension, entre les parois de la montagne, s'est glissé un énorme rocher, coincé, pour l'éternité ; on dirait qu'il protège cette cascade ; elle jaillit avec force, avec détermination, s'offrant aux regards des aventureux promeneurs.

  La faille continue, mais je suis arrivée au bout du sentier autorisé. Il faut repartir, faire demi-tour, à regret. Je descends sans crainte, plus lentement, pour m'imprégner à jamais de toutes ces images dont la nature me fait cadeau comme pour me remercier de l'admirer.

  Je ressens au fond de moi, le calme, le bien-être, la zenitude. Est-ce le bruit de l'eau, sa fraîcheur, la végétation, ces sapins si immenses qu'on n'en voit pas la cime, la marche, l'effort fourni ou tout à la fois ?

  Je me sens vivante dans ce paysage, mais si petite...

 

Lilou

     Un village
  Dans un ciel bleu pâle d’une limpidité étonnante rappelant celui de la mer assez proche, le  soleil resplendissait au-dessus des cimes des arbres qui dessinaient comme un large cercle au pied du mur d’enceinte du château renaissance ; des poules fouillaient les feuilles mortes dans la pente douce qui descend jusqu’à un bassin miroitant le soir au soleil couchant, une chèvre était assise à l’ombre des genêts, l’âne broutait à ses côtés, les tourterelles roucoulaient, autour un vrai concert d’oiseaux, c’est le tableau bucolique qu’offrait souvent ce charmant et paisible petit village.

  Les maisons s’étaient bâties toutes en briques rouges picardes, au fil des siècles, regroupées à proximité du château, mais alignées, serrées très modestement les unes contre les autres le long de la rue, presque unique, qui traverse le village de part en part. Si on tourne au coin de la ruelle portant le nom de la Comtesse de L. (très récemment disparue), bien connue  pour sa bonté, on découvre une très belle bâtisse en briques de pays bien sûr, très ouvragée, dentelée dans sa partie supérieure, c’est la mairie et l’école réunies, suivies d’une grande maison de maître elle aussi en briques roses magnifiques et enfin l’église du 12éme siècle entourée du vieux cimetière et du minuscule monument aux morts ; très bien restaurée, avec son large porche plein de charme, son petit clocher aux ardoises grises, ses murs aux belles pierres blanchies, ses contreforts épais la soutenant solidement à sa base, on remarque l’étrange alignement de hautes pierres néolithiques qui la bordent tout du long, en limite de rue, cette église mérite le détour, qu’on s’y arrête et qu’on prenne le temps de la contempler sous tous ses angles, longuement, tranquillement. Tout à côté, c’est le domaine du château, derrière la large grille noire coulissante et infranchissable, on aperçoit une mare bordée de magnolias et les habitations des gardiens, des fermiers, des granges immenses, des réserves de bois et des moutons qui paissent tranquillement dans un grand pré. Derrière se dissimulait à tous les regards le château, aux nombreuses cheminées, bien caché, trop secret (top secret pourrait-on dire) et ainsi conservant tout son mystère… même aux yeux des habitants de ce village picard si bien préservé ! C’était un peu dommage…

Lucie 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°01 – Avril  2012

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