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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 17:34
   Les vieux 
Ce sujet me rappelle un autre que j’ai eu en bac Philo, ou il s’agissait de la connaissance de soi ! Vaste domaine d’introspection dont je garde un souvenir ému, car avec 18/ 20, j’étais tranquille pour l’avenir. Cela plus l’oral, sans forfanterie, j’ai atteins 28/30 et le diplôme en poche.
Je vous dis cela pourquoi, je vais vous le dire ! Parce qu’à l’époque, j’ai étudié les gens de mon âge, donc jeunes, et maintenant, on me propose les vieux, donc de mon âge aussi, un peu plus tard ! Je vais essayer de ne pas être trop dur, eu égard à la dentition du personnage. Au fil du temps, j’en ai vu de toutes les couleurs, des vieux gentils, des vieux irritants, des vieux carrément à trucider. Leur seule excuse, l’âge !
A 18 ans, on ne comprend pas, à 60 et quelques, on commence à voir les choses autrement et je dirais que ce qui s’est infiltré insidieusement apparait par petites couches et on découvre un univers dans lequel on plonge doucement.
Les vieux touchants :
On voit qu’ils ont  mal vécu, qu’ils ont des vêtements d’un autre âge, que leur retraite doit être aussi maigre que leur pauvres membres usés et qu’ils attendent péniblement la fin du voyage ; les articulations les font souffrir, les doigts sont gourds et maladroits, ils avancent péniblement à petits pas appuyés sur le bras d’un conjoint, pas plus vaillant, ou sur une canne, quand l’autre est parti avant, tenant en laisse un chien efflanqué. Les têtes sont basses, les chagrins sont devenus des rides et rien que de les voir comme ça, ils inspirent la pitié. En général, ceux là sont des bons. Malgré les petits moyens, ils ont été de bons parents, sont de bons grands parents, même quand les enfants les ont abandonnés, ils leur trouvent des excuses, car ils aiment encore…
Les vieux irritants :
Des râleurs aigris, pingres, jamais contents. Exigeants comme pas permis, tout leur est dû, car ils ont vécu avant, ont plus ou moins réussi, ils savent tout et vous le font savoir d’une manière péremptoire, ah, mais, nous d’abord, et le monde à notre service. Malins comme des singes, ils connaissent toutes les ficelles des avantages que la société peut offrir, ont vite la carte d’invalide, d’anciens combattants, des transports, les réductions d’impôts et les allocations diverses. Sans avoir généralement cotisé à tout, ils réclament… Leur voix est sèche, leur attitude arrogante, leur manière dominatrice. Ceux là n’inspirent que mépris et même les petits enfants s’en éloignent en se pinçant le nez !
Les autres :
A trucider, non ! Ils s’en chargent eux-mêmes. On joue les jeunesses, on s’habille à la soi disant mode. C'est-à-dire que l’on essaie d’imiter une certaine classe, et un certain âge. Rien de plus drôle que de voir des Mémés en mini, juchées sur des talons de neuf centimètres, la semblant de poitrine bridée dans du Wonderbras, déambuler dans les rues en chevrotant comme des échassiers biturés ; en blanc, bien entendu. Les Pépés sont plus dignes, quand ils ne sont pas habillés par Maman ! Et tout ça, va chez le médecin toutes les semaines et à la crèmerie tous les jours (pour les soins du corps) Puis, il faut avoir tous les gadgets à la mode pour épater la galerie, car ils ne savent pas s’en servir, bref quand on dit que le ridicule ne tue pas, parfois c’est dommage.
Mais n’enterrons pas trop vite, il y a beaucoup à dire et se dire surtout que notre tour arrive plus vite que l’on souhaite, alors… longue vie à nos vieux !!!

Georges


   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 17:32
Le miroir ou perdu de vue     
 

 Sa démarche est hésitante, ses pas plus petits; de toute façon, elle n'a pas très loin à aller, sa chambre est minuscule; elle ouvre son armoire pour choisir une robe; le choix est restreint, les vêtements sont peu nombreux; elle enfile ses chaussons, les chaussures, c'est seulement pour sortir; devant le miroir, Émilie se regarde, caresse de la main son visage, pose ses doigts sur les sillons de ses rides. Elle ne les a pas vues arriver ces rides, d'abord pattes d'oie, puis rides d'expression, rides du lion, rides d'amertume... La voilà comme une pomme flétrie; Émilie sourit, il lui reste quelques dents heureusement. Son regard est lumineux, ses yeux clairs plaisaient beaucoup aux amoureux qui lui faisaient la cour il y a si longtemps. La coiffeuse est passée hier, elle a fait ce qu'elle a pu.
Émilie soupire, pose un peu de fard sur ses joues creuses, un peu de rose sur ses lèvres, il paraît que c'est plus joli avec les cheveux blancs; à nouveau, elle jette un œil dans le miroir.
Quelle jolie jeune femme que voilà! Visage fin, ovale bien dessiné, bouche pulpeuse, bien rouge, de jolies dents régulières, des yeux clairs très expressifs et une chevelure brune qui lui tombe sur les épaules. Émilie est heureuse, elle est amoureuse, elle a vingt ans et lui aussi. D'ailleurs, elle a rendez- vous au Jardin du Luxembourg, près de la fontaine, c'est le rendez-vous des étudiants amoureux, on peut se cacher pour s'embrasser, se caresser.
Émilie sent son cœur battre, lui aussi est amoureux; il lui a chuchoté ces mots en l'embrassant dans le cou. Ensemble, ils ont des projets, leurs études à terminer, les fiançailles, un mariage à la campagne, une maison, des enfants... Émilie se dirige vers la porte, pressée de sortir, elle ne veut pas être en retard...
Non, soldat La croix, ce n'est pas possible, vous ne pouvez voler dans cette escadrille, vous avez des problèmes de vue; on va vous affecter au sol. Louis est désappointé! Depuis tout petit, son rêve c’était voler.
Après deux ans dans l'infanterie, il est de retour à Paris pour terminer ses études. Près du jardin du Luxembourg, il a rencontré Émilie et ça fait six mois qu'il est fou amoureux. Elle est si jolie, un regard clair, des cheveux noirs, elle sent bon, elle rit tout le temps.
Louis a fait des projets d'avenir tout en lui chuchotant des mots doux. Mais un souci vient contrarier sa joie aujourd'hui: ses parents ont décidé de partir aux États Unis, son père étant appelé à la direction d'une usine Ford et ils doivent quitter rapidement la France. Il n'ose pas en parler à Émilie; la voilà, ils se réfugient dans les jardins et se blottissent sur un banc l'un contre l’autre. Non, Louis n'arrive à lui parler, ce serait gâcher ces moments de bonheur; il sait qu'elle va souffrir, alors il a décidé de partir sans rien dire et essayer de l'oublier.
- Madame Émilie, Madame Émilie, où allez- vous ? demande Carole l'infirmière; ce n'est pas encore l'heure du repas; allons regagnez votre chambre, je vous appellerai, allumez la télé, c'est bientôt votre émission préférée, vous savez Julien Lepers, Questions Pour Un Champion; je vous amène vos médicaments.
Louis a quatre- vingt- cinq ans, il a vécu toute sa vie aux États -Unis, s'est marié, a eu une fille Judith qui vit en France; depuis quelque temps, il est en mauvaise santé et Judith a décidé de l’accueillir chez elle. Mais Louis refuse d’être une charge, alors d'un commun accord, ils ont cherché une solution et cette petite maison de retraite en banlieue a l'air très accueillante. En fin d'après-midi, ils arrivent donc aux Ormeaux, et Louis s'aidant de sa canne prend ses repères;
- voici Carole l'infirmière de votre étage, elle va vous conduire à votre chambre; vous visiterez la maison plus tard, le repas est servi à dix-neuf heures, vous y rencontrerez d'autres pensionnaires.
La fille de Louis s'en est allée; seul maintenant son regard se porte vers la fenêtre, demain j'irai me promener dans le parc, pense t-il... Carole frappe à la porte
- voulez vous que je vous aide ?
Les voilà dans la salle à manger. Louis s'assoit, essaye de repérer ses couverts, son verre, son assiette du bout de ses doigts; sa vue ne s'est pas arrangée depuis ses dix huit ans, il est presque aveugle. Soudain, une main se pose sur son bras; Louis tressaille, cette peau, cette odeur, Louis frémit;
- quel est votre prénom? demande la pensionnaire assise à son côté. Louis tourne un peu la tête, il a reconnu cette voix qui n'a pas changé, c'est Émilie son premier amour.
- Je m'appelle Louis, répond-t-il dans un murmure.
- Eh bien bonjour à vous, moi je m'appelle euh... attendez ça va me revenir, je m'appelle...
- Émilie, dit l'infirmière.


Lilou

   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 07:21
La vieillesse à travers l’âge  

Quand est-on vieux ?

  En effet la perception de la vieillesse est toute relative et ce, en fonction de l’âge de celui qui porte un regard sur l’autre : « le vieux ».

  Je me souviens  de ma grand-mère tout de noire vêtue avec pour seule fantaisie son tablier imprimé de petites fleurs sur fond noir : j’étais toute petite fille et je la trouvais très vieille et elle n’avait que quelques années de plus que moi aujourd’hui.

  Je me souviens d’une réponse de mon fils adolescent le soir de la rentrée des classes en seconde à mon interrogation sur ses professeurs « Oh le prof de maths est un vieux » et le jour de la réunion parents-professeurs, je m’aperçois que le vieux en question a l’âge de nous ses parents !

  Je me souviens d’une discussion avec ma petite-fille de cœur de 17 ans « lorsque des personnes décédaient à 80 ans, je me disais qu’elles avaient fait leur vie mais ma voisine (amie de la famille) atteignant cet âge maintenant, je ne la vois pas si vieille et souhaite qu’elle vive encore de nombreuses années.

  Je me souviens d’une stagiaire d’une vingtaine d’années qui faisait ce gentil compliment à nous, jeunes retraitées : « je ne me voyais pas ainsi à votre âge, aussi dynamique, aussi coquette ; pour moi, je pensais que c’était le laisser-aller, la solitude, la tristesse ».

  Je me souviens de la compassion de ma belle-mère nonagénaire pour ma voisine octogénaire mais grabataire « la pauvre vieille ».

  Il y a aussi bien sûr notre propre regard sur la vieillesse : plus nous avançons en âge, plus s’éloigne le bastion de la vieillesse. Regarder vivre des personnes âgées nous conforte dans la possibilité d’un avenir certes différent mais encore enrichissant tant que la dépendance et la maladie nous oublient.

  Etre vieux, c’est ne plus s’intéresser à la vie. C’est davantage un état d’esprit qu’un nombre d’années.

Arlette


   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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27 novembre 2012 2 27 /11 /novembre /2012 06:45
Harry    
 

 

  A plus de 80 ans, Harry aurait pu attendre que le soleil soit plus ardent pour sortir faire les courses, mais il gardait cette habitude d’une vie besogneuse et mettait un point d’honneur à quitter son logement très tôt, rasé de près, embaumant l’eau de Cologne dont il s’était frictionné le visage. Il n’avait jamais passé son permis et son vélo avait connu toutes ses aventures. Depuis quelques mois, il n’allait plus à la superette la plus proche mais au supermarché car le gérant du magasin avait été indélicat en lui rendant la monnaie, suggérant « qu’à son âge » il avait sans doute confondu un billet de vingt euros et un billet de dix euros. Inadmissible ! Celui-là n’était pas prêt de le revoir ! Il achètera le lait et la viande pour ce midi puis, à la boulangerie la baguette et le petit croissant pour sa femme. Il prendra son journal et rentrera se faire chauffer un café (café-chicorée plus exactement) A peine rentré à la maison il pestera car il devra ressortir pour une course urgente que son épouse lui réclamera (elle ne faisait jamais de liste et immanquablement une seule visite au magasin ne suffisait pas) Il terminera la matinée en allant au jardin vérifier si ses plantations ne manquent pas d’eau et si les gamins du quartier lui ont laissé quelques fraises. Il donnera à manger au couple de lapins géants des Flandres qui faisait sa fierté. Il engraissait ses lapins régulièrement et comme sa femme refusait de les cuisiner, il en faisait bénéficier ses proches.

  Il prendra son déjeuner seul car sa moitié s’est recouché, s’assoupira un peu en regardant le journal télévisé, puis sa grosse main vérifiera que le mouchoir à carreaux figure bien au fond de sa poche, enfilera son anorak, attrapera sa casquette en velours côtelé et ira travailler dans le jardin de sa fille. Là, il appréciera le calme de la maison, regardera le Tour de France en écossant des haricots ou en épluchant des pommes de terre. Enfin il rentrera à la tombée de la nuit dans son appartement où sa femme, enfin levée, l’assaillira de reproches comme à l’accoutumée. Depuis quelques temps il en souffrait moins car il devenait sourd.

  Tout le monde se demandait comment il avait pu supporter cette agressivité depuis si longtemps. En fait il avait beaucoup « roulé sa bosse » quand il était jeune et devait se réfugier dans ses souvenirs quand les cris devenaient trop insupportables. Chaque année, il partait en cure pour ses artères et ce répit de quelques semaines lui permettait de recharger ses batteries. Alors il oubliait les reproches et la haine pour ne plus penser qu’à celle qui lui avait donné de nombreux enfants, tenait si bien la maison qu’on aurait pu manger par terre et qui avait dû être très jolie avant que la démence ne déforme son visage. Lui, la protègera toujours de ses démons et qui sait peut-être l’aimait-elle encore car elle était toujours très jalouse et le soupçonnait même d’accueillir des maîtresses dans la cabane du jardin.

  Dix ans plus tard, la vieillesse a rattrapé Harry et il n’a pu continuer à l’entourer de ses soins, mais jusqu’à la fin de ses jours il s’est toujours soucié d’elle.

 

Francine



   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 18:05
Vieillir  
 

 

 

V oici qu'arrive le soir insidieusement, sournoisement,

I l faisait encore si clair, il y a quelque temps

E t ces douleurs qui font le corps se pencher

I l nous arrive parfois de les oublier

L entement, on avance sans pouvoir

L e temps commande, jamais d'au revoir

I ci lutter ne sert à rien, on peut juste retarder

R egarder nos enfants pour toujours adorés.

 

Lilou


   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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25 novembre 2012 7 25 /11 /novembre /2012 06:14

 

« Coton tiges », tu les appelais.    

Chère Pauline,

   Ces quelques mots… des années après le jour où nous sommes quittées. J’ai du mal à former mes lettres... L’émotion, l’âge peut-être... Je suis restée longtemps en colère après toi… Tant d’années d’amitié…Tu disais pourtant que nous partirions ensemble, tellement nous étions liées. Ni nos hommes, ni nos enfants n’avaient réussi à nous séparer.

  Je t’ai revue dans un vieil album. Tu étais magnifique dans ta robe de mariée… 50 ans déjà…  Je n’ai pas vu le temps passer. Et maintenant j’appartiens au monde des « coton tiges ». C’est le nom que tu leur donnais… à ces vieux fous qui, à l’âge de la retraite, reprenaient des études et dont nous nous moquions. Nous étions tellement jeunes. Nous ne voulions pas être comme eux... Je leur ressemble aujourd’hui : j’ai arrêté de me teindre les cheveux il y a… oh ! il y a bien longtemps déjà.

  Quand on est vieux on a abandonné les choses auxquelles on tenait : les mini-jupes par exemple. Tu sais comme j’aimais montrer mes jambes. Elles sont encore très belles et je les admire souvent devant le miroir, en me rappelant le passé. Combien en ont-elles rendus fous ! Les hommes, eux aussi, font partie du passé… C’est dur de ne plus susciter de désir. Il faut dire que je ne me maquille plus. Je n’arrive plus à trouver la bonne mesure ; alors j’en mets trop… Et, quand tu ne te maquilles plus, tu ne t’habilles plus, tu ne fais plus d’efforts. Pour qui ?

  Tu sais, parfois, j’ai envie de rire aux éclats pour un rien comme quand nous étions jeunes. Ou de crier ou de dire merde ! merde ! merde ! merde ! ou beurk ! ou je ne sais quoi encore. Te souviens-tu du jour où, perdues dans Berck, nous demandions aux passants où se trouvait la mairie de Beuuuurk. Nous avions tellement ri que tu en avais fait pipi dans ta culotte. Mais quand on est vieux on n’a plus le droit de faire ce genre de bêtises, on est sage, posé et on doit inspirer le respect. Tu parles…

  Je ne te parlerai pas des douleurs, des insomnies…Tu sais ce que c’est… Oh ! pardon !... Je suis vraiment une vieille conne. Vieillir c’est aussi cela… Oublier… Vivre dans le passé en présence des proches qui ont disparu. Mais vieillir, c’est le passage obligé.

  Nous ne voulions pas vieillir. Tu ne voulais pas vieillir. Tu ne devais pas vieillir. « On ne devrait pas vieillir !» répétais-tu… Comme j’aurais aimé que tu vieillisses avec moi, que tu découvres les « joies » du temps qui passe, à côté de moi. Mais le cancer en a voulu autrement. A trente ans…

  Finalement je suis heureuse d’appartenir au monde des vieux. Ton courage, ton énergie, ta lutte et ton amour de la vie m’ont toujours accompagnée. Même ton départ et ma colère envers toi m’ont guidée. Il me reste encore de beaux jours devant moi et je les vivrai le mieux possible, pour toi. Tu me donneras toujours la force de continuer.

  Tu sais quoi ? Je vais sortir et hurler, pour toi ; je vais frapper à la porte de mon voisin octogénaire et l’inviter à prendre un thé, un café, un apéritif. Et… je me serai habillée pour toi, pour moi…pour lui.

Eveline

 
   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°03 – Novembre  2012

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 08:33

 

   Un village 

 

  Dans un ciel bleu pâle d’une limpidité étonnante rappelant celui de la mer assez proche, le  soleil resplendissait au-dessus des cimes des arbres qui dessinaient comme un large cercle au pied du mur d’enceinte du château renaissance ; des poules fouillaient les feuilles mortes dans la pente douce qui descend jusqu’à un bassin miroitant le soir au soleil couchant, une chèvre était assise à l’ombre des genêts, l’âne broutait à ses côtés, les tourterelles roucoulaient, autour un vrai concert d’oiseaux, c’est le tableau bucolique qu’offrait souvent ce charmant et paisible petit village.

  Les maisons s’étaient bâties toutes en briques rouges picardes, au fil des siècles, regroupées à proximité du château, mais alignées, serrées très modestement les unes contre les autres le long de la rue, presque unique, qui traverse le village de part en part. Si on tourne au coin de la ruelle portant le nom de la Comtesse de L. (très récemment disparue), bien connue  pour sa bonté, on découvre une très belle bâtisse en briques de pays bien sûr, très ouvragée, dentelée dans sa partie supérieure, c’est la mairie et l’école réunies, suivies d’une grande maison de maître elle aussi en briques roses magnifiques et enfin l’église du 12éme siècle entourée du vieux cimetière et du minuscule monument aux morts ; très bien restaurée, avec son large porche plein de charme, son petit clocher aux ardoises grises, ses murs aux belles pierres blanchies, ses contreforts épais la soutenant solidement à sa base, on remarque l’étrange alignement de hautes pierres néolithiques qui la bordent tout du long, en limite de rue, cette église mérite le détour, qu’on s’y arrête et qu’on prenne le temps de la contempler sous tous ses angles, longuement, tranquillement. Tout à côté, c’est le domaine du château, derrière la large grille noire coulissante et infranchissable, on aperçoit une mare bordée de magnolias et les habitations des gardiens, des fermiers, des granges immenses, des réserves de bois et des moutons qui paissent tranquillement dans un grand pré. Derrière se dissimulait à tous les regards le château, aux nombreuses cheminées, bien caché, trop secret (top secret pourrait-on dire) et ainsi conservant tout son mystère… même aux yeux des habitants de ce village picard si bien préservé ! C’était un peu dommage…

Lucie 


 


   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°01 – Avril  2012

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 08:42

 

  Ce matin là

    Ce matin là, en posant mon pied sur ce sentier, à l'orée du bois, je n'imaginais pas à quel point le spectacle allait être merveilleux. La chaleur est déjà présente en ce milieu de matinée, et le ru qui roucoule donne une légère fraîcheur. Le soleil se faufile entre les feuilles et fait chatoyer les verts.

  Je m'avance sur ce sentier caillouteux, bordé d'arbres, de buissons ; une légère montée, et toujours ce ru qui roucoule sur ma gauche. Quelques chants d'oiseaux m'accompagnent mais j'ai beau chercher, je ne distingue pas leurs auteurs, car la végétation est dense; je surveille aussi mes pas, la pente augmente...

 

  Le ru qui roucoulait tout à l'heure s'est élargi pendant ma promenade, son chant s'est accentué et transformé en grondement. Je découvre autour de moi des amoncellements de rochers gris et roux, des lichens, des fougères accrochées ça et là. Et me voici sur une passerelle, sous mes pieds, le torrent roule son écume blanche sur les cailloux, et arrose la végétation aux alentours, de milliers de gouttelettes.

  L'ascension commence ! La passerelle suivante est accrochée à flanc de rochers; il me faut me baisser pour avancer. Des cascades se succèdent, jaillissent en jetant leur écume comme un dragon son feu. Le grondement du torrent s'accentue, et en baissant les yeux, je découvre des gouffres inquiétants mais pourtant si clairs, remplis d'eau transparente telle un miroir. Cette eau, où va-t-elle? Elle a tracé sa route depuis tant d'années, creusé dans le schiste son lit; parfois des troncs d’arbres viennent lui faire barrage ; elle n'en a cure, elle joue à saute-tronc, elle avance, et moi, je monte, je monte...

  Je vous l'avais dit: le spectacle est merveilleux ! Le parcours est pourtant angoissant; je suis à vingt cinq mètres au- dessus du vide sur quelques planches...

Au terme de mon ascension, entre les parois de la montagne, s'est glissé un énorme rocher, coincé, pour l'éternité ; on dirait qu'il protège cette cascade ; elle jaillit avec force, avec détermination, s'offrant aux regards des aventureux promeneurs.

  La faille continue, mais je suis arrivée au bout du sentier autorisé. Il faut repartir, faire demi-tour, à regret. Je descends sans crainte, plus lentement, pour m'imprégner à jamais de toutes ces images dont la nature me fait cadeau comme pour me remercier de l'admirer.

  Je ressens au fond de moi, le calme, le bien-être, la zenitude. Est-ce le bruit de l'eau, sa fraîcheur, la végétation, ces sapins si immenses qu'on n'en voit pas la cime, la marche, l'effort fourni ou tout à la fois ?

  Je me sens vivante dans ce paysage, mais si petite...

 

Lilou

 


   
 

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 05:01

JO

 

JO 

  Sur son vélo, ce matin de printemps, il part au village chercher son paquet de tabac gris tout joyeux d’avoir cette fois trouvé la cachette du porte-monnaie familial.  Sa forte consommation de bière obligeait la grand-mère à de telles ruses. Le béret bien enfoncé sur la tête, le bourgeron noir, la chemise écossaise et la ceinture de flanelle composaient sa tenue habituelle.

  S’il ne fait pas de rencontre, il sera de retour pour le repas du soir. Là, il s’installera dans un coin de la cuisine et vérifiera l’alignement de sa réserve de bières. La grand-mère servira la soupe qu’il aime bien épaisse et noircie de poivre. Son palais était ruiné par l’abus d’alcool. Un peu de vin pour faire « chabrot et direction la chambre pour sombrer dans un lourd sommeil.

  Dans une autre vie, il avait été un paysagiste talentueux, avait des notions d’anglais, buvait le café passé dans une chaussette et avalait les kilomètres sur sa mobylette par tous les temps. Puis un jour l’accident, la trépanation. Il avait eu son heure de gloire en étant choisi comme figurant dans un film sur George Sand et moins glorieusement en démontant, la nuit, les bordures de trottoir posées, le jour, par la municipalité. Habitant la dernière maison du village, les « Ponts et Chaussées » s’était arrêté juste avant sa maison : inacceptable pour lui !

  Il ne sentait pas toujours la rose, ne se lavait que pour la fête du village, mais je l’aimais : c’était mon grand-père.

Francine

 



   
 

Revue de l’atelier « virtuel » d’écriture « LE CLAVIER LIBRE »  N°01 – Avril  2012

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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 09:32

 

  Plume

  Petit Jean sort de l’école, il rayonne de joie : il va rentrer à la maison retrouver sa maman, ses jouets et surtout Plume, son amie à quatre pattes. Mais Plume n’est pas au rendez-vous : Petit Jean l’appelle, la cherche dans la maison mais en vain. Alors de grosses larmes de désespoir coulent sur ses joues. Sa Maman, très sensible au chagrin de son enfant, décide de mettre tout en œuvre pour retrouver Plume : ce sont d’abord des affichettes posées ça et là, mais en vain.

  Alors, elle se rend dans la forêt si proche de la maison que Plume a pu s’y égarer, voire s’y blesser. Quelques traces sont visibles sur le chemin de terre rendu boueux depuis la fonte de la neige. Ces traces se perdent ensuite vers le matelas de feuilles mortes. La Maman appelle Plume, écarte les feuilles, scrute les arbres dont les branches dénudées frissonnent d’ennui, mais aucun ne lui apporte de réponse. Sous les racines d’un arbre abattu s’est formée une nappe d’eau de pluie ; inquiète, la Maman la sonde et pousse un soupir de soulagement : Plume ne s’est pas noyée.

  Plume reste introuvable et le chagrin de Petit Jean est toujours aussi présent. L’hiver s’installe, Noël approche ; alors Petit Jean fait sa lettre au Père Noël :

« Petit Papa Noël, je ne veux pas de jouets, je veux que tu me retrouves Plume ».

  La Maman, comme vous pouvez vous en douter, est bien contrariée et achète malgré tout un cadeau à son fils afin d’atténuer son chagrin.

  Venu le jour de Noël, Petit Jean se lève, court au pied du sapin, mais qu’entend-t-il ?
« miaou, miaou », alors il se précipite pour ouvrir la porte et là, Plume entre, amaigrie, boitant mais toujours ronronnant dans les bras de Petit Jean.

  Comme quoi le Père Noël existe bien, il suffit d’y croire.

Arlette


   
 

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